Ma première année à Sciences Po Paris - Lycée Polyvalent Georges Brassens - Neufchâtel-en-Bray

Ma première année à Sciences Po Paris

, par Jean-Luc VILLEMIN

Ce n’est vraiment pas facile pour moi d’ouvrir mon logiciel de traitement de texte en cette fin mai pour me remettre à écrire, tant je me suis adapté au rythme des vacances. Et Sciences Po c’est aussi cela, une Grande école qui vous offre trois mois et demi de vacances à la fin de l’année : à ce titre tout bon lycéen souhaitant mener une vie étudiante digne de ce nom devrait tenter de rentrer dans cette école. Plus sérieusement, j’avais promis à Monsieur Villemin de rédiger un petit compte-rendu de mon premier semestre à Sciences Po. Il m’aura fallut attendre ces vacances pour faire le bilan de cette année, étant donnée la vitesse à laquelle celle-ci elle est passée. Je vais honorer cette promesse en tentant de donner un aperçu de cette année et de Sciences Po en général.

Depuis le 10 juillet 2011 au soir, date de la publication des résultats, tout s’est accéléré à tel point que j’ai à peine pris conscience du fait que cette première année à Sciences Po est, potentiellement (il faudra attendre les résultats), derrière moi.
Aussitôt après la publication, les heureux élus ont été conviés le 13 juillet à Sciences Po pour la « journée des admis », première rencontre avec quelques-uns des cent CEP admis cette année. Cette journée a été l’occasion de nous présenter l’école plus en détails, son parcours et son projet. En fin d’après-midi, les volontaires se sont rendus à la Cité Internationale Universitaire de Paris (14ème) au sein de laquelle les CEP peuvent être logés durant leur première année. Les deux autres brayons admis en 2011 et moi-même avons décidé de profiter de ce privilège qui nous été accordé. C’est réellement un privilège en cela que la CIUP est un endroit magnifique offrant un cadre de vie incroyable pour une ville comme Paris. Normalement, seuls les étudiants étrangers et quelques Français en Master ou en Doctorat peuvent être admis à la Cité internationale mais Sciences Po a décroché un partenariat permettant d’y loger quelques CEP au sein de deux maisons, la Fondation Deutsche de la Meurthe (inscrite aux monuments historiques) et la Fondation de Monaco. Dans les deux cas, vous serez logé en colocation pour respectivement 295€ et 385€ par mois. Pour rappel, un 15m² se loue autour de 600€ par mois à Paris. Pour ma part, j’ai pu emménager à la Fondation de Monaco.

J’ai ensuite oublié Sciences Po pour un temps, durant l’été, pour mieux y revenir dès le 25 août, pour le stage d’intégration. Durant un peu plus d’une semaine, l’ensemble de la promo, c’est-à-dire les petits milliers d’élèves admis par les différentes voies d’accès, a été réuni pour une présentation approfondie de l’école, des cours et des méthodes de travail, le tout accompagné par un discours d’introduction du regretté Richard Descoings. En parallèle, nous avons été dispatché en différents « groupes d’inté » regroupant une quinzaine d’élèves autour d’un accompagnateur (qui pouvait être, entre autres, un professeur, un professionnel ou encore un doctorant) pour nous faire découvrir Paris, Dans mon cas cela a été l’occasion de faire connaissance avec le quartier de Belleville, avant de conclure par un « exposé sur site », qui consiste à prendre la parole pour la première fois devant le groupe d’étudiants pour présenter son travail durant une dizaine de minute en tenant compte des conseils de méthodes et des cours de prise de parole que nous avons eu durant ce stage. Enfin, cette semaine s’est conclue sur la leçon inaugurale, dispensée par le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diane, invité par Sciences Po à l’occasion du lancement du programme Europe-Afrique sur le Campus de Paris.

 
La vraie rentrée a lieu le 5 septembre, quelques jours après les fameuses inscriptions pédagogiques que vous aurez la joie de découvrir si vous arrivez jusqu’à la rue Saint-Guillaume. J’ai commencé mon année par un cours d’Introduction à l’histoire contemporaine, une matière effrayante que je retiendrai comme étant la plus difficile à valider de cette année compte tenu de la masse de connaissances à ingurgiter en un semestre (douze semaines seulement, ça passe très vite). Ce premier cours était aussi l’occasion de faire connaissance avec ma triplette, l’équivalent d’une classe de lycée de vingt étudiants avec laquelle on suit les cours fondamentaux durant la première année. Pendant un temps, cette triplette peut faire figure d’unique point de repère lorsque vous arrivez dans cette fourmilière qu’est Sciences Po, vous y faites quelques rencontres qui viennent s’ajouter à vos amis du groupe d’inté. En fait, au fil des cours, je me suis rendu compte que les gens à Sciences Po étaient « normaux ». J’avais quelques inquiétudes à ce sujet, mais au final, les élèves sont des jeunes comme n’importe lesquels, avec croyez-le, les mêmes intérêts. La plupart d’entre eux sont bien loin de l’image du snob détestable que l’on peut craindre en tant que provincial. En dehors de leur réussite au concours et de leur note au bac, les gens ici sont normaux. Me voilà rassuré.

Le semestre suit ensuite son cours, non sans quelques difficultés. Les premiers exposés arrivent rapidement, avec leurs lots de stress et d’anxiété. Les examens blancs, les « galops d’essai », ont été une vraie claque, à tel point que je me suis parfois demandé si j’avais ma place ici. Les examens finaux sont arrivés très vite, à la fin des douze courtes semaines du semestre, je ne m’étais jamais retrouvé dans cette situation, j’en suis venu à douter de ma capacité à passer un examen. Après coup, c’est une belle leçon d’humilité qui encourage à se remettre un minimum en question. J’ai douté jusqu’au dernier moment de ma réussite à ces premières épreuves. Début février, deux mois après, les résultats sont tombés : OUF ! J’ai validé toutes les matières fondamentales, avec du mal et les résultats ne sont pas brillants mais j’ai eu l’impression de pouvoir enfin respirer ; j’avais validé mon premier semestre à Sciences Po. J’ai pu aborder plus sereinement le deuxième. J’y ai d’ailleurs obtenu de meilleures notes pendant le contrôle continu (qui compte pour 2/3 de la note finale pour chaque module) ce qui m’a permis d’aller aux examens dans de meilleures conditions.

 
Ecrire un tel résumé n’est pas une chose facile, tant les nouveautés ont été nombreuses pour moi durant cette année. Je ne peux que recommander à tous de tenter Sciences Po. Grâce aux Conventions d’éducations prioritaires vous avez la chance de rentrer avec une certaine facilité dans une des meilleurs écoles de France, au sein de laquelle vous vivrez une expérience incroyable, que ce soit sur le plan scolaire, avec des cours qui vous offriront une ouverture inédite sur le monde qui vous entoure, ou sur le plan humain puisque Sciences Po c’est un projet dont les dirigeants sont fiers : le croisement de l’exigence des classes préparatoires française et des Collèges anglo-saxons. Il faut comprendre qu’en entrant à Sciences Po vous aurez la possibilité de suivre une formation de haut-niveau, reconnue, qui vous offrira des perspectives professionnelles intéressantes tout en vous évitant, chose rare, la sacro-sainte (et franco-française) classe préparatoire au profit d’une formation que je qualifierais de plus humaine puisque vous pourrez mener une vie sociale et associative qui entrera grandement en compte dans votre construction intellectuelle, professionnelle et personnelle. 

Victor.

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